Post by Carl Fombrun on Sept 12, 2004 17:01:19 GMT -5
HAÏTI, IL FAUT EN FINIR AVEC LE SUPPORT culturel DE LA TYRANNIE!
Quand j’évoque les possibles d’une vraie démocratie haïtienne, ma pensée butte comme sur une sorte d’aporie imparable : le support sourd et aveugle, parce que culturel voire parfois inconscient de la société haïtienne aux mécanismes de l’irrespect tant interindividuel qu’entre les hommes et les institutions. Le refus de rationalité organisatrice, la préférence de l’informel aux structures souvent tellement disloquées tellement corrompues que les citoyens y perdent toute confiance, tout cela couronné par une sauvagerie agressive de l’État répressif et amorphe face à ses obligations, État particulièrement monté contre le citoyen et qui ainsi favorise l’arbitraire des comportements individuels, oui, tout ce chaos finit par donner l’impression que le désordre et la tyrannie sont ancrés dans l’âme haïtienne. Un monde apparemment ingérable semble prendre le dessus et devenir le butoir de tout changement souhaité. Les seules souverainetés acceptables, celles des lois et des institutions manquant à la culture socio-étatique haïtienne, c’est la débandade de l’organisation sociale quotidienne qui prévaut. Cet irrespect, cette sorte de barbarie mentale se manifestant dans la vie sociale au niveau des relations humaines, est le ferment tératogène, ce germe cancérigène de la tyrannie qui putréfie la réalité collective et dont la métastase tout au long de notre histoire de turpitudes répétées, tue le corps social. La tyrannie, cette agressivité liberticide contre l’autre, ne vient donc pas que des chefs car le peuple lui-même les y appelle par l’intolérance et le mépris les uns des autres en même temps que la déification du pouvoir qu’il idolâtre. Tout montre qu’en Haïti, les seules choses respectées sont : l’argent, la couleur claire et la force brutale répressive. Dans l’imaginaire et les réflexes haïtiens, ces éléments constituent de véritables essences, de vrais facteurs invariants, de réels mérites qui hissent n’importe quelle racaille au rang des dieux. Au-delà de ces breloques idéologiques de l’apparat social, il y a chez nous, haïtiens, une indolente et morbide tendance à tout mystifier. Nous sommes encore un peuple superstitieux à l’excès, les dieux, les saints, les morts plus présents dans les esprits que la vie elle-même, font que nous essentialisions tout privilège et mythifiions tout privilégié. Une minable culture du vertige de « classe » et du délire de puissance caractérise nos deux siècles d’existence nationale. Nous sommes pour la plupart des rois tribaux nègres, gonflés, et nous avons besoin de régner et de tyranniser pour que notre règne soit perçu. Notre baudruche est si gonflée prêt à éclater! Nous nous produisons en amulettes vivantes, en totems régnants! Tout est pour la majorité d’entre nous, haïtiens, un sujet de mystification de nos semblables, de mythification de notre personne, par des sagas de faubourg et de poussière à brandir. Le don quichottisme social haïtien est cette espèce de délire du moi « héroïque et royal » de l’individu, moi hypertrophié, placé au-dessus de tout principe surtout du respect des lois et de la personne humaine. Inutile de dire que le premier terreau de germination de la dictature et de la corruption est dans la culture. Le peuple, toutes classes confondues, adore ériger des mythes à des individus et ensuite vouer des cultes à ces êtres mythiques ainsi créés. Tout concourt à cette adoration de personnes mythifiées. Une publication de livre à l’étranger, un prix international, une place dans l’état, un emploi dans un organisme étranger. Pis encore, ces imbéciles qui réclament une société sans discrimination sont ceux qui méprisent l’haïtien d’à côté quelque soit son talent pour honorer ces géants généralement de paille qu’on leur a présentés ou qu’il se sont taillés. L’haïtien aime le maître! Il faut, pour qu’il respecte l’autre, qu’il le reconnaisse d’abord comme son supérieur. Par exemple d’un haut fonctionnaire qui vivait dans un quartier moyen et continuerait à y vivre malgré ses promotions, sans se parer de la maison la plus extravagante dans un nouveau quartier huppé et des voitures les plus luxueuses, c’est le peuple d’alentour, ses voisins et autres, qui le discréditera, le dénoncera comme moins que rien et malpropre! Allez savoir maintenant s’il faut prendre au sérieux les doléances de ces mêmes haïtiens contre la corruption et le détournement de fonds par des fonctionnaires publics montrant une trop forte opulence pour le salaire qu’ils sont censés gagner. Nous devons cesser d’être des farceurs et reconnaître nos torts, nos bévues dans le faire social, nos contresens collectifs et contreproductifs dans notre vision du monde. Nous sommes donc coupables même passifs des déboires et laideurs de ce pays! Alors rien d’étonnant que ces dictateurs de corridors, ces aristocrates de comptoirs et de pacotille, ces maîtres de toutes les inepties, ces gonflés, ou au contraire, ces faux démocrates populaciers, tous, autocrates attendant leur heure de gloire, utilisent sciemment ce qui fait figure de tare culturelle. Car le privilège et la richesse dans un monde capitaliste malade de ses pestes sont idéologiquement promus ontologiques et ne sont plus seulement des éléments contingents que peut facilement expliquer l’analyse objective du social. Chez nous où toute tare est décuplée, ou même le bien d’ailleurs se corrompt par les contre-indications, peut commencer l’aventure macabre de nos dictateurs-dieux de tous poils qui peuvent être autant maître du pouvoir politique qu’économique ou simplement chefs de famille comme un père ou une mère monoparentale. Et comme nos don quichotte sont dieux, toutes leurs conneries sont paroles d’évangile, et gare à l’infidèle ou au renégat. Le jugement misérabiliste, émotif et hypersentimental de la société y contribue vivement et donne aux foutriquets avec leur fort et inavouable instinct de domination une sorte de légitimité. L’idiotie dans le jugement, ce corollaire de l’analphabétisme factuel ou fonctionnel frappant surtout nos scolarisés, est une des rampes de lancement de la tyrannie haïtienne. Il suffit de voir tous ces agressifs, ces bourreaux inavoués qui, dans l’histoire récente haïtienne, à chaque fois q’un citoyen prenait des positions garanties par la loi, s’exclamaient: « si c’était Duvalier, ils ne se permettraient pas de s’opposer à tel chef en place ». Le chef est vraiment ici un totem, une amulette sacrée, sanctifiée pour régner. Son être est surhumain et ses privilèges et son pouvoir, ontologiques. Vraiment, cet attachement à l’esclavage, cette nostalgie du mal quand il a disparu, miséreuse attitude des aliénés à foison et de toutes sortes de notre société, traduit la masochiste mentalité d’un assez fort pourcentage de la population resté antidémocratique en deçà des indéniables progrès conquis pour les libertés depuis 1986.
Quand j’évoque les possibles d’une vraie démocratie haïtienne, ma pensée butte comme sur une sorte d’aporie imparable : le support sourd et aveugle, parce que culturel voire parfois inconscient de la société haïtienne aux mécanismes de l’irrespect tant interindividuel qu’entre les hommes et les institutions. Le refus de rationalité organisatrice, la préférence de l’informel aux structures souvent tellement disloquées tellement corrompues que les citoyens y perdent toute confiance, tout cela couronné par une sauvagerie agressive de l’État répressif et amorphe face à ses obligations, État particulièrement monté contre le citoyen et qui ainsi favorise l’arbitraire des comportements individuels, oui, tout ce chaos finit par donner l’impression que le désordre et la tyrannie sont ancrés dans l’âme haïtienne. Un monde apparemment ingérable semble prendre le dessus et devenir le butoir de tout changement souhaité. Les seules souverainetés acceptables, celles des lois et des institutions manquant à la culture socio-étatique haïtienne, c’est la débandade de l’organisation sociale quotidienne qui prévaut. Cet irrespect, cette sorte de barbarie mentale se manifestant dans la vie sociale au niveau des relations humaines, est le ferment tératogène, ce germe cancérigène de la tyrannie qui putréfie la réalité collective et dont la métastase tout au long de notre histoire de turpitudes répétées, tue le corps social. La tyrannie, cette agressivité liberticide contre l’autre, ne vient donc pas que des chefs car le peuple lui-même les y appelle par l’intolérance et le mépris les uns des autres en même temps que la déification du pouvoir qu’il idolâtre. Tout montre qu’en Haïti, les seules choses respectées sont : l’argent, la couleur claire et la force brutale répressive. Dans l’imaginaire et les réflexes haïtiens, ces éléments constituent de véritables essences, de vrais facteurs invariants, de réels mérites qui hissent n’importe quelle racaille au rang des dieux. Au-delà de ces breloques idéologiques de l’apparat social, il y a chez nous, haïtiens, une indolente et morbide tendance à tout mystifier. Nous sommes encore un peuple superstitieux à l’excès, les dieux, les saints, les morts plus présents dans les esprits que la vie elle-même, font que nous essentialisions tout privilège et mythifiions tout privilégié. Une minable culture du vertige de « classe » et du délire de puissance caractérise nos deux siècles d’existence nationale. Nous sommes pour la plupart des rois tribaux nègres, gonflés, et nous avons besoin de régner et de tyranniser pour que notre règne soit perçu. Notre baudruche est si gonflée prêt à éclater! Nous nous produisons en amulettes vivantes, en totems régnants! Tout est pour la majorité d’entre nous, haïtiens, un sujet de mystification de nos semblables, de mythification de notre personne, par des sagas de faubourg et de poussière à brandir. Le don quichottisme social haïtien est cette espèce de délire du moi « héroïque et royal » de l’individu, moi hypertrophié, placé au-dessus de tout principe surtout du respect des lois et de la personne humaine. Inutile de dire que le premier terreau de germination de la dictature et de la corruption est dans la culture. Le peuple, toutes classes confondues, adore ériger des mythes à des individus et ensuite vouer des cultes à ces êtres mythiques ainsi créés. Tout concourt à cette adoration de personnes mythifiées. Une publication de livre à l’étranger, un prix international, une place dans l’état, un emploi dans un organisme étranger. Pis encore, ces imbéciles qui réclament une société sans discrimination sont ceux qui méprisent l’haïtien d’à côté quelque soit son talent pour honorer ces géants généralement de paille qu’on leur a présentés ou qu’il se sont taillés. L’haïtien aime le maître! Il faut, pour qu’il respecte l’autre, qu’il le reconnaisse d’abord comme son supérieur. Par exemple d’un haut fonctionnaire qui vivait dans un quartier moyen et continuerait à y vivre malgré ses promotions, sans se parer de la maison la plus extravagante dans un nouveau quartier huppé et des voitures les plus luxueuses, c’est le peuple d’alentour, ses voisins et autres, qui le discréditera, le dénoncera comme moins que rien et malpropre! Allez savoir maintenant s’il faut prendre au sérieux les doléances de ces mêmes haïtiens contre la corruption et le détournement de fonds par des fonctionnaires publics montrant une trop forte opulence pour le salaire qu’ils sont censés gagner. Nous devons cesser d’être des farceurs et reconnaître nos torts, nos bévues dans le faire social, nos contresens collectifs et contreproductifs dans notre vision du monde. Nous sommes donc coupables même passifs des déboires et laideurs de ce pays! Alors rien d’étonnant que ces dictateurs de corridors, ces aristocrates de comptoirs et de pacotille, ces maîtres de toutes les inepties, ces gonflés, ou au contraire, ces faux démocrates populaciers, tous, autocrates attendant leur heure de gloire, utilisent sciemment ce qui fait figure de tare culturelle. Car le privilège et la richesse dans un monde capitaliste malade de ses pestes sont idéologiquement promus ontologiques et ne sont plus seulement des éléments contingents que peut facilement expliquer l’analyse objective du social. Chez nous où toute tare est décuplée, ou même le bien d’ailleurs se corrompt par les contre-indications, peut commencer l’aventure macabre de nos dictateurs-dieux de tous poils qui peuvent être autant maître du pouvoir politique qu’économique ou simplement chefs de famille comme un père ou une mère monoparentale. Et comme nos don quichotte sont dieux, toutes leurs conneries sont paroles d’évangile, et gare à l’infidèle ou au renégat. Le jugement misérabiliste, émotif et hypersentimental de la société y contribue vivement et donne aux foutriquets avec leur fort et inavouable instinct de domination une sorte de légitimité. L’idiotie dans le jugement, ce corollaire de l’analphabétisme factuel ou fonctionnel frappant surtout nos scolarisés, est une des rampes de lancement de la tyrannie haïtienne. Il suffit de voir tous ces agressifs, ces bourreaux inavoués qui, dans l’histoire récente haïtienne, à chaque fois q’un citoyen prenait des positions garanties par la loi, s’exclamaient: « si c’était Duvalier, ils ne se permettraient pas de s’opposer à tel chef en place ». Le chef est vraiment ici un totem, une amulette sacrée, sanctifiée pour régner. Son être est surhumain et ses privilèges et son pouvoir, ontologiques. Vraiment, cet attachement à l’esclavage, cette nostalgie du mal quand il a disparu, miséreuse attitude des aliénés à foison et de toutes sortes de notre société, traduit la masochiste mentalité d’un assez fort pourcentage de la population resté antidémocratique en deçà des indéniables progrès conquis pour les libertés depuis 1986.